Depuis quelques temps, une petite révolution se profile dans les possibilités de fabrication d’images animées. Auparavant, celui qui voulait réaliser un film avait le choix entre pellicule et vidéo. Chacun avec leurs avantages et inconvénients.

Un des avantages de la pellicule commence à être adapté à la vidéo : une grande surface de cible. La pellicule utilise traditionnellement 24*18mm -par exemple- en super 35. Une bonne caméra vidéo, elle, proposera au mieux un capteur 2/3 de pouce (=16mm) et souvent bien moins.

Quand on sait que la surface sur laquelle un objectif projette son image a une influence sur la profondeur de champ, on comprend l’intérêt et les différences de “look” que l’on obtient avec la pellicule. Plus la surface est grande, moins on a de profondeur de champ.

My family portrait from Philippe Jadin on Vimeo.

C’est précisément cette petite profondeur de champ qui donne aux images un aspect plus cinéma et plus agréable à l’oeuil. Il semblerait que depuis l’introduction de la couleur en cinéma, on a progressivement favorisé une plus faible profondeur de champ, pour permettre à l’oeuil et au cerveau de ne pas avoir trop d’infos (quand tout est net -et a fortiori en couleurs- on fatigue le spectateur). Montrez à n’importe qui 2 portraits, un où tout est net et un autre ou seul le visage est net et le fond est flou, on vous dira que le deuxième est plus beau et plus agréable.

Non seulement cela, mais en plus de cela, la profondeur de champ fait partie du langage cinématographique. Passer d’un personnage à un autre, isoler un élément de l’histoire, noyer un personnage dans le flou, etc. sont des choses auxquelles nous sommes habitués en tant que spectateur.

La photo numérique a pris un peu de temps pour permettre la même liberté que l’argentique à ce niveau là. La large gamme de réflexes numériques atteste qu’il est maintenant facile de faire de la photo numérique avec au moins cette caractéristique de la pellicule. Avec l’apparition d’appreils tels que le pentax k-7, il est maintenant possible d’avoir les mêmes avantages en vidéo.

Driving to uncertainty from Philippe Jadin on Vimeo.

J’ai reçu en test le K-7 (merci Pentax France) afin de voir ce qu’il y avait moyen d’en faire en vidéo.

C’est un appareil réflexe classique, avec miroir et capteur aps-c (facteur de réduction de 1.6 par rapport au 35mm full frame). En utilisation photo il est extrêmement performant. C’est un semi-pro, voire un pro. Il est doté de caractéristiques intéressantes, notamment une stabilisation optique intégrée au boitier (le capteur bouge pour compenser les mouvements tant verticaux, horizontaux, que de rotation, ce qui est assez unique). Il permet également de corriger la balance des blancs afin de pouvoir concilier la contrainte technique de faire une balance des blancs tout en respectant la contrainte artistique de conserver l’ambiance d’une scène. Pour le reste, il y a une quantité énorme de fonctionnalités mais qui ne me servent pas. Je préfère travailler en manuel pour les photos, sauf pour la mise au point quand ça marche bien, et elle marche plutôt rapidement sur cet appareil.

Je ne vais pas vous décrire en long et en large ce que cet appareil fait, mais plutôt vous parler des spécificités en vidéo.

En mode “movie”, l’appareil permet de filmer en motion-jpeg en 720P à 30 images par secondes.

– les images sont d’une très grande qualité, sans doute du au codec mjpeg. On a par exemple une bonne latitude pour retoucher les couleurs. Le codec est également très simple à utiliser dans un programme de montage.
– Il y a une touche ae-lock qui permet au moins de bloquer tous les paramètres, sans savoir exactement quel shutter et iso est utilisé par l’appareil. Cela pose parfois problème sous éclairage artificiel où l’image scintille si l’appareil a choisi un réglage inapproprié. Un update du firmware qui permettrait de régler tout manuellement en mode vidéo serait formidable.
– le micro interne est relativement bon, surtout pour des prises proches. Les tests avec un micro externe sont concluants.
– la stabilisation optique intégrée à l’appareil est extraordinaire en mode vidéo. Elle ouvre la possibilité de filmer avec des anciens objectifs non stabilisés, ce que les autres marques ne proposent pas.

En conclusion, je dirais que l’avenir est très prometteur pour ce type d’appareil. Un accès aux réglages tout manuel serait le bienvenu, ainsi qu’un mode 24p. La partie audio pourrait être poussée plus loin en permettant de désactiver le gain automatique ce qui permettrait de connecter un adaptateur XLR pour connecter des micros professionnels et éviter le souffle lié au gain qui augmente quand il n’y a pas de niveau.

Tous ces changements pourraient être réalisés avec une mise à jour du firmware de l’appareil (sans changement de hardware), ce qui augmenterait instantanément sa valeur pour les vidéastes. On peut toujours espérer que cela arrivera un jour. Certaines caractéristiques uniques de cet appareil me font dire qu’il mériterait bien de telles améliorations.

The strongest will survive – pentax k7 from Philippe Jadin on Vimeo.

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Septembre 2009